Riad couture

À Marrakech, Romeo Gigli nous invite à un voyage entre mode et architecture. Un riad où chaque espace se drape d'élégance et de lumière.
 

Photos Cécile Tréal

Au fond de l’impasse d’une ruelle de la médina, une porte sculptée, peinte d’un bleu ciel, se détache des murs rouges environnants. Nous pénétrons dans l’univers du légendaire styliste italien des années 90, Romeo Gigli. Grand voyageur et collectionneur éclectique, les silhouettes de Gigli sont réputées pour leur style architectural et intemporel. « J’ai habillé les mannequins en drapant les tissus à la manière des saris.

 

J’ai posé des vestes d’hommes sur leurs épaules. Puis, je leur ai ajouté ma collection de bijoux ethniques d’ambre », raconte Romeo. Avec la maîtrise et l’aisance qui le caractérisent, le grand couturier a élégamment vêtu son riad, à l’image d’une reine s’épanouissant dans une oasis luxuriante, au cœur d’un désert.
Pour Romeo, la véritable magie au Maroc réside dans sa lumière. Dès le vestibule, une clarté brillante nous saisit instantanément. Le mur face à nous, habillé de bandes de tadelakt alternant bleu limpide et beige sablé, trace naturellement le chemin à suivre. Un tapis-tableau, en écho au croquis du designer, détourne notre regard avant d’atteindre le patio.

 

Une vaste baie vitrée au design graphique filtre la lumière éclatante du patio. La table basse Lagoon en verre soufflé a été imaginée par Romeo Gigli et éditée par Maison Nicole.

 

Une majestueuse fontaine s’élève sur la face interne du mur. Les reflets des rayons du soleil sur son zellige jaune inondent le cœur du riad d’une lumière dorée. Dans cet îlot de fraîcheur, le sol se drape d’un marbre égyptien aux nuances sableuses, parcouru de veines délicates. Sur notre gauche, un escalier aux lignes épurées semble flotter avec légèreté, accentuant l’effet serein du lieu.

 

L’armoire tachetée orange ainsi que le miroir et la table haute en verre soufflé sont des pièces limitées créées par Romeo Gigli et éditées par Maison Nicole.

Le styliste a imaginé une grande partie du mobilier, jouant avec les codes de l’art islamique. Il détourne avec audace des éléments décoratifs traditionnels, transformant un plafond en bois zouaqué en une tête de lit. De même, il s’inspire d’une forme géométrique emblématique de l’art islamique pour créer un luminaire. Pour leur réalisation, il s’est entouré de l’excellence des artisans de Marrakech.
Le designer explique : « En 2019, ma fille Diletta a eu l’idée de faire de ce riad une maison d’hôtes. » Il ajoute : « Avant le tremblement de terre, nous l’avons totalement reconstruit en béton armé. »

 

Le luminaire, inspiré des motifs géométriques de l’art islamique, fait écho à la tête de lit, entièrement peinte à la main par les maîtres artisans marocains.

 

Ancrés dans un minimalisme assumé, les volumes architecturaux se distinguent par leur sobriété et la rigueur de la géométrie. À l’étage, cinq suites à la décoration différente ceinturent le patio. Des tapis de carreaux de céramique au sol et des plafonds aux nuances pastel enveloppent d’un charme envoûtant les chambres à coucher. Avec le Riad Romeo, Gigli n’a pas seulement habillé un lieu. Il lui a insufflé une âme, celle de l’amour du style allié à l’élégance intemporelle.

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.