Beni x Studio KO : l’art du tapis marocain réinventé

L'installation Intersection, repérée par Maisons du Maroc lors de la Milan Design Week 2025, propose une relecture contemporaine du tapis berbère.

Dans une ancienne boutique textile du quartier 5Vie à Milan, Beni Rugs et Studio KO ont dévoilé leur collaboration Intersection. Une présentation qui a marqué notre passage à la Milan Design Week par son approche singulière, entre tissage traditionnel et design d’avant-garde.

Crédit photo Romain Laprade

L’objet quotidien magnifié

Fruit de deux années de recherche, Intersection transpose les objets industriels quotidiens dans l’univers du tapis marocain. Karl Fournier et Olivier Marty de Studio KO se sont inspirés d’éléments familiers – journal usé, agenda, document censuré – pour créer dix motifs qui transforment ces supports fonctionnels en pièces textiles contemporaines.

« Nos designs célèbrent ces outils de productivité en voie de disparition« , explique Olivier Marty. « C’est une réflexion sur la manière dont nous écrivons, préservons et partageons la mémoire.« 

Techniques revisitées

Crédit photo Romain Laprade

La collection introduit deux innovations techniques : le tissage Rabat et les flatweaves (tissages plats) brodés à la main. Le Rabat ressuscite le tissage R’bati, une méthode vieille de cinq siècles originaire de la ville impériale. Sa finesse (64 nœuds par pouce carré contre 12 pour les Beni Ourain classiques) permet des dessins plus détaillés et complexes.

Crédit photo Romain Laprade

Les flatweaves brodés à la main représentent un défi technique considérable, demandant une expertise rare au sein même de l’atelier Beni Rugs. 

Crédit photo Romain Laprade

Expérience sensorielle

L’installation milanaise conçue par Colin King plongeait les visiteurs dans un univers tactile et visuel. Des milliers de documents d’archives tapissaient les murs, créant l’effet d’un cabinet de curiosités documentaires abandonné.

Un parfum sur mesure aux notes de cèdre et de béton accompagnait la visite, tandis qu’une bande sonore diffusait des bruits industriels abstraits en arrière-plan, évoquant les vies antérieures du lieu.

Crédit photo Romain Laprade

Matériaux et origines

Les tapis proviennent de l’atelier Beni Rugs situé à l’extérieur de Marrakech, où la marque a établi une structure de production intégrée. La laine utilisée est issue de moutons des montagnes de l’Atlas, tandis que les papiers de l’installation provenaient d’archives de vieilles usines portugaises et espagnoles des années 1960-70.

Crédit photo Romain Laprade

À l’heure où le luxe se définit moins par l’ostentation que par le geste et le savoir-faire, Intersection incarne cette nouvelle sensibilité : transformer l’ordinaire en extraordinaire tout en préservant l’âme des traditions. Un tour de force qui nous rappelle que la véritable innovation naît souvent du dialogue entre hier et demain.

 

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