La vannerie réinventée

La tradition de la vannerie au Maroc traverse les âges, avec une étonnante capacité d'adaptation.

Cet art, connu localement sous le nom de « Tassalat« , était initialement destiné aux objets utilitaires comme le « tbek » pour le pain ou les « couffas » transportés à dos d’âne. Aujourd’hui, il s’épanouit dans le monde du design tout en préservant ses techniques ancestrales.
Les matériaux utilisés racontent l’histoire d’un savoir-faire intimement lié au terroir. Le « smaar » (petit jonc) d’Essaouira, le « g’dim » (gros jonc) de Marrakech ou encore les feuilles de palmier « doum » sont récoltés au printemps, puis séchés durant l’été sur les toits plats. Le travail de tressage s’effectue principalement en hiver, suivant un rythme immuable dicté par les saisons. Si l’osier et le roseau sont cultivés localement, le rotin, lui, est importé d’Asie via l’Espagne, témoignant ainsi d’échanges commerciaux séculaires.


La maîtrise technique est au cœur de cet artisanat où hommes et femmes jouent des rôles complémentaires. Trois principales méthodes façonnent les créations : le tissé (entrelacement de brins comme sur un métier), le spiralé cousu (enroulement progressif à partir du centre) et le cordé (torsion et tressage de matières rigides). Chaque région développe ses motifs distinctifs – chevrons, lignes croisées et ajours – souvent enrichis de cuir ou de tissu.


Son esthétique naturelle répond aux aspirations écologiques actuelles, tout en apportant une touche subtile d’authenticité maîtrisée. Des suspensions aériennes en doum aux plateaux en feuilles de palmier tressées, des chaises élégantes en rotin aux délicats paravents en roseau, la vannerie marocaine dépasse sa fonction utilitaire pour devenir une véritable signature décorative.


Hôtels de luxe, restaurants tendances et résidences privées intègrent ces éléments comme les témoins d’un luxe discret et durable. La vannerie marocaine incarne ce paradoxe séduisant : plus elle est imposante, plus elle semble légère, créant des espaces à la fois structurés et aériens.
La vannerie marocaine nous rappelle une vérité essentielle : la beauté la plus durable naît souvent des matériaux les plus simples, façonnés par le temps et sublimés par des mains expertes qui perpétuent, génération après génération, un patrimoine vivant en constante réinvention. 

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.