Face à un mur de la médina, Alexandre Ligios voit un signe. En 2021, traversant une période d’introspection après l’effondrement d’un projet entrepreneurial en France, ce point d’interrogation bleu peint sur la pierre va tout changer. « D’un coup, j’ai ce truc en tête. Je dis à ma copine : tu sais quoi ? Je vais créer une marque de mobilier« , se souvient-il. L’intuition, cette boussole qui ne l’a jamais quitté, vient de lui indiquer une nouvelle direction.
Fauteuil Spirale revêtu du tissu de la Maison Casamance.
Issu d’une famille d’entrepreneurs corses, Alexandre grandit entre terre et mer, bercé par les vibrations méditerranéennes. À 17 ans, il quitte l’île pour se construire ailleurs, multipliant les expériences : communication digitale, immobilier, décoration d’intérieur à Marseille. Cette errance apparente forge en réalité un regard unique, nourri d’expériences diverses et d’une sensibilité qu’il retrouve aujourd’hui dans sa manière de concevoir : « organique, habitée, ancrée. »
L’installation à Marrakech marque une renaissance.
Canapé Mirage, revêtu de tissu. Sa coque est habillée du tissu Aliénor de Casamance. Disponible en deux coloris.
« En quelques mois, j’ai quitté la France pour m’y installer, porté par l’envie de créer une marque sincère, à mon image. » Les premiers essais restent timides puis vient le déclic : « En fait, c’est moi. On ne va pas chercher l’inspiration ailleurs. » Naît alors sa première collection, treize pièces guidées par ce chiffre qui le suit depuis toujours, suivie par Hypnotique, plus personnelle et audacieuse.
Pouf Illusion qui révèle deux ottomans dissimulés servant d’assises supplémentaires.
Chaque création est le fruit d’un dialogue étroit avec les artisans marocains : menuisiers, ferronniers, tisserands. « Leur talent, leur précision, leur héritage font partie intégrante de mon processus créatif. Sans eux, rien de tout cela n’existerait. »
Canapé Los Angeles. Dim. L. 250 x P. 120 x H. 45 cm
Le canapé Los Angeles inaugure cette esthétique signature aux formes généreuses et arrondies. En 2024, l’intuition le guide vers New York où, en dix minutes, un email lui ouvre les portes du marché américain. « On adore ce que tu fais« , lui répondent les galeristes qui lui offrent l’exclusivité aux États-Unis.
Cette consécration valide une approche artisanale du luxe. Ses créations, du pouf Illusion en forme de graine de café inspiré par l’Espresso Martini au fauteuil Spirale aux formes enveloppantes, reflètent une démarche d’exception. « Je ne veux pas qu’on voie ma marque dans n’importe quel magasin. Je veux vraiment créer une marque confidentielle. »
Pouf Illusion revêtu d’un tissu vert Arabica
Sa collaboration avec la maison Casamance témoigne d’une recherche constante d’harmonie. Un partenariat avec la manufacture Jouffre se dessine tandis qu’Alexandre prépare l’installation de son studio à Casablanca, tout en gardant une envie : « revenir à mes premiers amours, l’architecture d’intérieur, les projets de vie. » « Je ne vends pas une marque, je vends une partie de moi », confie celui qui n’oublie pas le chemin parcouru. Une authenticité qui guide sa philosophie : créer des univers cohérents pour des clients en quête d’exception.
À l’origine du Teddy, une révélation textile. « Tout est parti du tissu. Lorsque j’ai
découvert le tissu Samy dans sa teinte “Mordor” chez Casamance, j’ai immédiatement
pensé à un ours. Ce tissu m’a inspiré un fauteuil réconfortant, protecteur, un peu
comme un cocon », explique Alexandre Ligios.
