MACAAL : un musée africain repensé à Marrakech

Après une rénovation majeure, le Musée d'Art Contemporain Africain Al Maaden (MACAAL) a rouvert ses portes le 2 février. L'institution accueille désormais une collection de plus de 2000 œuvres dans un bâtiment de 2000 m².

Une vision curatoriale singulière

« Notre ambition n’est pas de reproduire un modèle muséal occidental à Marrakech« , explique Othman Lazraq, président du MACAAL. « Nous développons une institution profondément ancrée dans notre identité marocaine, héritière d’une tradition millénaire.« 

La scénographie, confiée à Franck Houndégla, titulaire d’un doctorat en architecture, relie différents registres de conception, de l’objet au signe. « Seven Contours, One Collection« , l’exposition permanente inaugurale, réunit 150 œuvres sous la direction artistique de Meriem Berrada, en collaboration avec les commissaires Morad Montazami et Madeleine de Colnet. Dans l’atrium, l’installation monumentale de Salima Naji dialogue avec les techniques ancestrales. « Cette architecture renoue avec nos fondamentaux« , explique l’architecte. « La pierre structure les fondations et les sommets, tandis que la terre compose le corps du bâtiment, créant un dialogue entre force et protection. »

 

Vue d’installation de Salima Naji, Dans les bras de la terre (2025), au MACAAL © Ayoub El Bardii

Entre tradition et innovation

Le parcours imaginé par Franck Houndégla révèle une approche distinctive de la création contemporaine. « Notre démarche est fondamentalement participative« , souligne Amina Agueznay, dont les œuvres textiles sont exposées. « La création devient une chorégraphie collective où le processus rivalise d’importance avec l’œuvre finale.« 

« L’art et l’artisanat sont indissociables« , affirme Othman Lazraq. « Notre identité de musée d’art contemporain africain se nourrit autant des œuvres que nous présentons que de notre ancrage à Marrakech.« 

 

Vue d’installation de COEXIST dans Seven Contours, One Collection au MACAAL © Ayoub El Bardii.

Nouveaux espaces, nouvelles perspectives

L’Artist Room, nouvel espace d’expositions temporaires, s’ouvre avec une installation de Sara Ouhaddou. « Cette première exposition réaffirme notre engagement envers le tissu artisanal de Marrakech« , souligne Meriem Berrada. « L’artiste y interroge les modes de présentation des œuvres en dialogue direct avec les artisans. »

Salima Naji inscrit son intervention dans une réflexion environnementale : « Les défis écologiques actuels nous rappellent l’urgence de réinventer notre rapport à l’architecture. Notre patrimoine architectural offre des réponses pertinentes face aux bouleversements climatiques.« 

« Notre travail prend racine sur le terrain« , précise Amina Agueznay. « L’atelier s’étend au territoire des maîtres artisans, impliquant de constants déplacements et échanges.« 

Vue de l’installation TRANSCRIRE dans Seven Contours, One Collection au MACAAL © Ayoub El Bardii.

Une institution en mouvement

Le musée enrichit son offre avec une bibliothèque des nouveaux médias et une Timeline Room conçues par Houndégla. « Cette évolution s’inscrit dans notre mission première« , souligne Othman Lazraq, « celle de rendre l’art accessible tout en préservant notre identité culturelle.« 

« L’artisanat marocain agit comme un catalyseur », conclut-il. « Sa présence enrichit notre collection et transforme profondément la manière dont les artistes internationaux perçoivent et créent au contact de notre culture. »

Vue de l’installation de CONVERGE dans Sept Contours, Une Collection au MACAAL © Ayoub El Bardii.

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.