La renaissance de Dar Ambrosia

Dans la médina d'Asilah, une demeure alanguie depuis trop longtemps s'est muée en un riad aéré, plein de vie et de couleurs.

La designer a pour philosophie d’encourager les artisans locaux et les petites entreprises. Ici, l’alcôve ouverte sur les hauteurs du patio glorifie la couleur et le mélange des genres.

L’histoire de Dar Ambrosia est née de l’amitié qui lie de longue date Pauline, la designer, à Vince, le propriétaire. Dans ce lieu paisible et livré à lui-même depuis longtemps, régnait un joyeux désordre. Sensible à son potentiel particulier, Pauline convainc Vince de lui redonner vie, de l’aérer. Joignant leurs forces, leurs énergies et leurs talents, les deux amis s’attèlent alors à la renaissance du riad. Ils le baptisent Dar Ambrosia, en s’inspirant du second prénom de Vince (Ambrose) qu’ils ponctuent d’une terminaison chantante.


Depuis une dizaine d’années, Pauline séjourne régulièrement en famille à Asilah. Elle y travaille aussi avec les artisans pour le compte de designers étrangers. Autant dire que la rénovation du riad est une aubaine pour la designer et le prolongement naturel de sa passion pour la ville et sa richesse artisanale. 

Le riad, désormais allégé, fait la part belle aux matières végétales et aux ouvertures qui lui donnent de belles respirations.

Avec sa profusion de couleurs, de motifs et de matériaux, le Maroc est, de son propre aveu, un petit paradis pour les designers et décorateurs d’intérieur.La rénovation a pour objectif premier de libérer l’espace intérieur, l’extraire de sa léthargie, le vider et laisser l’architecture respirer dans un premier temps, avant de réinvestir les quatre niveaux du riad et leur donner une identité propre. Une sorte de remise à zéro des lieux pour mieux les réinventer. 

Pour continuer de raconter l’histoire intime du riad, la designer a mis en scène les plus belles pièces des collections d’art africain du propriétaire.

Une fois cette étape accomplie, Pauline s’attèle au réaménagement du riad. Elle remplace les vitres teintées par du verre limpide afin de laisser la lumière jouer à l’intérieur à toute heure de la journée. Il faut tenir compte des contraintes, bien sûr, tirer parti de l’existant. En bon état, les sols en marbre et le zellije des salles de bains sont conservés. Dans la cuisine, les plans de travail en marbre noir restent intacts et, pour uniformiser la pièce, les murs sont eux-mêmes peints en noir, faisant ainsi ressortir les couleurs vives des poteries artisanales exposées comme des pièces de musée. 

Le design contemporain s’accorde à merveille avec les créations artisanales.

D’ailleurs, l’art est ici très présent à travers les collections d’art africain et les sculptures en bois de Vince, dont Pauline a incorporé les pièces maîtresses en divers endroits de Dar Ambrosia. De même, alors qu’ils étaient serrés et manquaient d’air, les meubles d’artisanat marocain et les portes sont mis en valeur. Ayant échappé à l’ennui, ils retrouvent une nouvelle jeunesse aux côtés d’éléments modernes, dans les six chambres comme dans le reste des espaces de vie.

À Dar Ambrosia, tout est conçu pour créer une atmosphère paisible, des écrins joyeux et enveloppants.

Pour affirmer la personnalité du riad, Pauline se joue des contrastes entre le clair et l’obscur, l’intérieur et l’extérieur. Elle enveloppe de bleu sombre la salle à manger, une chambre, des salons, qu’elle saupoudre de jaune, de rouge et de vert pâle. Résultat : Dar Ambrosia a du caractère et s’illustre par une explosion de couleurs qui confère une vertu apaisante au blanc éclatant des murs et des tuiles vernissées du patio inondé de lumière. En plus d’un vaste salon, le riad aux proportions généreuses présente plusieurs espaces conçus comme des îlots de repos où l’on prend plaisir à lire, à s’assoupir, à rêver, à refaire le monde. Pour répondre au désir de retrouvailles et d’échanges des résidents, Pauline a aménagé un rooftop à la vue extraordinaire depuis les toits de la médina jusqu’au bleu de l’océan. Autour d’une grande table verte, chaque moment est propice à la convivialité, ce qui est aussi la signature de Dar Ambrosia.

Photos Cécile Tréal

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.