Oasis créative

Au cœur de la Palmeraie, cette demeure de Charles Boccara marie architecture préservée et création contemporaine.
 

La piscine de 13 mètres de long se fond dans le jardin centenaire. Mobilier en bois naturel et parasols traditionnels créent une ambiance décontractée, tandis que l’architecture de Charles Boccara s’intègre parfaitement parmi les palmiers majestueux.

Crédit photo David Dumon 

Quand Gert-Jan van den Bergh est entré dans ce jardin centenaire, il a su immédiatement. C’est ainsi que le propriétaire se souvient de sa découverte de Jnane Rumi, l’une des cinq plus anciennes maisons de la Palmeraie. L’avocat néerlandais a initié une métamorphose respectueuse de cette œuvre signée Charles Boccara, architecte tunisien ayant marqué l’identité de Marrakech.

 

Salle à manger aux lignes épurées où deux oliviers en pot encadrent une cheminée. L’œuvre murale minimaliste témoigne de l’élégance discrète qui caractérise le lieu.

Crédit photo David Dumon 

Sept années de travaux ont permis d’ajouter un étage complet tout en préservant l’âme des lieux. « La plupart des visiteurs pensent que la maison existe ainsi depuis les années 60, » note Samy Snoussi, artiste marocain devenu Directeur artistique du projet.

 

Bibliothèque rouge corail et collection d’objets d’art et d’artisanat soigneusement sélectionnés par Samy Snoussi, directeur artistique du projet.

Crédit photo David Dumon 

 

Nicolas Baudé, ancien élève de Boccara, a orchestré cette extension en dénichant des matériaux anciens sur le marché de Bab al Khmiss. Voûtes majestueuses, coupoles, murs en tadelakt et sols en bejmat témoignent d’une fidélité sans compromis à l’héritage architectural.

 

Une collection qui « représente le meilleur du Maroc » selon Gert-Jan van den Bergh.

Crédit photo David Dumon 

 

La collaboration entre Gert et Samy, devenue une véritable amitié, a transformé cette demeure en vitrine de l’art contemporain marocain. « J’avais cette envie d’avoir une collection qui représente le meilleur du Maroc, » confie Gert. Samy ajoute : « J’ai vraiment voulu donner la chance à des artistes émergents de faire partie d’un tel projet.« 

 

Terrasse couverte combinant mobilier artisanal et textiles traditionnels. Les teintes terracotta s’harmonisent avec le paysage.

Crédit photo David Dumon 

 

Le thème de l’identité traverse la collection. Samir Toumi sculpte l’Afrique dans le savon, matériau d’émancipation financière des Marocains avant l’époque coloniale. « On oublie très souvent que nous faisons partie de ce continent et que c’est notre plus grande force, » explique Samy. Hicham Benohoud présente des personnages traversant des murs, sans visage identifiable. Margaux Derhy expose un couple anonyme qui invite le spectateur à se projeter dans l’œuvre.

 

Salon aux murs pourpres sous un plafond en tataoui. Oeuvre de Mous Lamrabat

Crédit photo David Dumon 

Les résonances entre art et décoration créent une harmonie que Samy qualifie de « mektoub » (destin). Les calligraphies arabes de l’œuvre de Toumi font écho à celles gravées dans le marbre de la cheminée. Les formes organiques et féminines créées par Zineb Mezzour, artiste et data scientist, dialoguent avec le lustre voisin signé Kada Oudainia.

Jnane Rumi déploie ses onze chambres entre la villa principale, trois discrets pavillons nichés dans le jardin centenaire et une annexe privative dotée de sa propre piscine. Chaque espace compose un tableau où se répondent couleurs, œuvres d’art, jeux de lumière et présence végétale. Gert et Samy ont développé une approche singulière de l’hospitalité. « Nous essayons de rester loin de la prétention, » explique Gert. Une élégance authentique où le luxe s’exprime dans la liberté laissée aux hôtes de s’approprier les espaces. Une atmosphère où chacun se sent instantanément chez soi.

 

Succession d’arches et de tapis berbère. Les perspectives architecturales de Boccara guident le regard avec mesure et élégance. Salon rose aux textiles berbères colorés. Le dôme rose et doré est habillé d’une peinture de Samy Snoussi.

Crédit photo David Dumon 

 

En cuisine, Karin Gaasterland fusionne traditions locales et créativité contemporaine. Elle transforme une grappe de raisin marinée dans des épices marocaines en « mini-tagine qui explose en bouche » ou invente des rouleaux de printemps à la merguez de Jemaa el-Fna.
Au-delà de l’hébergement, Jnane Rumi propose des visites d’ateliers d’artistes et des circuits architecturaux. « Jnane Rumi, ce n’est pas qu’un lieu. C’est une expérience, c’est une énergie, » affirme Samy.
« Nous voulons contribuer à montrer ces talents au monde entier, » conclut Gert, qui partagera bientôt son temps entre Amsterdam et Marrakech. Un jardin de sculptures et de nouveaux projets sont en gestation pour cette « Mecque culturelle » en devenir. Un lieu où l’architecture de Boccara et l’art contemporain marocain se rencontrent dans une célébration de l’identité plurielle.

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.