Hotel El Fenn : Un chef d’oeuvre dans la medina de Marrakech

Parmi les premiers riads d’hôtes à avoir vu le jour dans la médina de Marrakech, El Fenn est aujourd’hui l’un des hôtels les plus « instagramés » de la ville ocre. L’art est dans l’ADN de cet ancien palais qui fait revivre la splendeur du passé tout en promouvant la création contemporaine

Cet ancien palais a été rénové
dans le plus pur respect de
l’architecture traditionnelle ,dont
il décline tous les codes: arcades, zouak, gebs, tadelakt, zellige, bejmat…

« Le plus bel endroit que j’aie jamais vu ». La phrase revient en boucle dans les commentaires des voyageurs ayant séjourné à El Fenn. « Partout où l’on regarde, c’est beau », s’extasie l’un. « Chaque séjour à El Fenn me donne l’impression de revenir chez moi », décrit une autre. C’est là toute l’essence de ce palais de la médina de Marrakech, dont la majesté n’a d’égal que sa simplicité : on s’y sent comme chez soi. Certainement parce que l’histoire d’El Fenn est d’abord celle d’une maison de vacances qui s’est transformée en projet de maison d’hôtes. Lors d’un séjour dans la ville ocre en 2002, la célèbre mécène britannique Vanessa Branson et son ami Howell James se prennent au jeu de chercher une maison, juste pour voir. Ils tombent en arrêt devant ce riad en ruines qui leur est révélé au coucher du soleil, au chant du muezzin. Deux ans de travaux plus tard, ils lancent l’une des premières maisons d’hôtes du genre dans la médina. Elle compte alors 6 chambres, mais pas pour longtemps : très vite un voisin vend sa maison, puis un autre, et ainsi de suite jusqu’à arriver aux 28 chambres actuelles.

Ayant connu plusieurs extensions depuis son ouverture en 2004, El Fenn compte plusieurs patios et piscines, ainsi que de nombreux recoins propices à la détente et au lâcher-prise,en accord avec l’esprit fondateur du lieu.

Comme son nom l’indique, l’art est omniprésent à El Fenn. La plupart des œuvres accrochées aux murs proviennent de la collection de Vanessa Branson, fondatrice de la galerie Vanessa Devereux à Londres et de la Biennale de Marrakech. Le rez-de-chaussée accueille également des expositions éphémères en partenariat avec des galeries locales. Faire revivre le passé tout en célébrant la création contemporaine, tel est l’état d’esprit qui a présidé à l’aménagement intérieur. Tout le vocabulaire de l’architecture traditionnelle est décliné dans cet espace régi par la circulation autour des patios: arcades, zouak et gebs au plafond, bejmat au sol, tadelakt aux murs, zellige… Comment parvient-on à recréer l’esprit d’un tel lieu ancestral ? «Avec le cœur», répond dans un sourire le designer Willem Smit, qui a rejoint l’aventure en 2012 en tant que directeur général associé. Pendant deux ans, il a œuvré à la rénovation d’El Fenn en vue de célébrer son dixième anniversaire. Il a choisi de réaménager les chambres et les espaces extérieurs dans une atmosphère casual, « pas trop chic », précise-t-il. Ce qui rend cet hôtel différent des autres, « ce sont les ondes » assure Willem Smit qui évoque le travail en famille d’une équipe de 100 personnes, « toutes très impliquées ».

Les chambres, aux proportions généreuses, accueillent une partie de la collection d’art contemporain de la célèbre mécène britannique Vanessa Branson

Les espaces extérieurs, luxuriants de verdure et bercés par le pépiement des oiseaux, respectent la palette marrakchie de tons ocres, bruns et verts. A l’intérieur, Willem Smit a misé sur la couleur, chatoyante de préférence comme en atteste ce couloir vermillon ou cet autre fushia. La couleur est aussi le point commun entre les chambres aux proportions généreuses, chacune conçue dans un style différent et un art consommé du détail qui fait tout. Objets chinés, œuvres d’art, meubles vintage des années 50-60 et autres créations uniques réalisées par des artisans locaux marient les styles et les époques. La décoration d’El Fenn est en constante évolution : ici l’accrochage d’une œuvre, là une nouvelle couleur sur un mur, quand ce n’est pas une cloison qui s’abat… ou une nouvelle maison qui s’ajoute. Une autre extension est prévue pour 2020, ce qui portera le nombre de chambres à 41 et la superficie à 3000 mètres carrés au sol.

Bien que vaste, l’espace n’en reste pas moins chaleureux avec sa multitude de recoins qui sont autant d’invitations au farniente. Ici pas de télé, mais des livres partout. On lâche prise au coin du feu de branches d’olivier qui s’allume dans les cheminées des chambres à la nuit tombée,  à moins que l’on ne profite du soleil sur les larges banquettes de l’immense terrasse avec vue sur l’Atlas et la Koutoubia. Détente encore au bord des trois piscines ou au spa qui perpétue des rituels millénaires à base de produits naturels. Le luxe est ici dans le temps retrouvé, le raffinement du service, la délicatesse des attentions du personnel, la finesse des saveurs concoctées dans le restaurant.

Si l’on vient à El Fenn pour visiter Marrakech, l’inverse est tout aussi vrai.

Chaque détail a son importance. Ici une frise en laiton sertie dans le mur donne de la préciosité à une chambre aux teintes romantiques. Là, c’est le motif du chevron, tantôt rose, tantôt noir, qui apporte sa touche graphique dans les coussins, tapis et chevets.

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.