Le riad des merveilles

Sous l'impulsion du décorateur Yann Dobry et de l'hôtelière Elena Masera, cette demeure historique de Marrakech réinvente les codes décoratifs traditionnels.

Photos Alan Keohane

La végétation luxuriante du patio s’envole vers le ciel avec des pots monumentaux aux motifs géométriques audacieux.

Dans les ruelles étroites de la médina marrakchi, le Riad Due trace sa voie singulière. Acquise en 2016 par l’entrepreneur portugais Louis Amaral, cette demeure s’est métamorphosée sous la direction artistique de Yann Dobry, décorateur français dont les vingt années d’expérience au Maroc nourrissent chaque détail. À ses côtés, Elena Masera, ancienne productrice de télévision italienne reconvertie en gardienne de l’art de vivre marrakchi, insuffle à ce lieu une hospitalité sur mesure.

Dans la suite Abdel, les alcôves aux formes organiques jouent avec la lumière.

Le patio, cœur vibrant de la maison, révèle d’emblée l’audace du projet. Des pots aux dimensions sculpturales portent une végétation luxuriante vers la lumière zénithale, créant un jardin vertical qui défie les proportions traditionnelles.

 

Une scénographie poétique où les ombres dansent sur les murs

La cuisine, désormais ouverte sur cet espace central, dévoile une collection d’assiettes de Tamgrout qui compose une fresque contemporaine. Le cuivre et l’inox des équipements captent et diffusent la lumière, transformant cet espace fonctionnel en galerie vivante.

Au cœur de ce riad d’exception, chaque chambre dévoile son univers singulier.

Tandis que la suite Samir impressionne par son monumental canapé de huit mètres aux teintes rouge et bleu, surmonté d’une pluie de luminaires, la suite Abdel invite à la sérénité dans ses alcôves de bois massif, sous des plafonds aux arabesques finement ciselées.

Textiles colorés et luminaires suspendus composent une symphonie de rouge et de motifs.

Plus loin, une calligraphie monumentale dialogue avec des miroirs fumés dans la suite Kamal, créant des jeux de reflets infinis. L’esprit voyage jusqu’aux confins des tropiques dans la suite Zan, où palmiers et motifs exotiques se mêlent dans une symphonie de tons ambrés. Les textiles se conjuguent : les motifs audacieux de Maison Thévenon répondent aux textures raffinées de Casamance, tandis que les tapis sur mesure de Studio Lid ancrent la composition.

Entre totems lumineux et canapé jaune et bleu, le salon affirme son identité artistique sous les plafonds traditionnels. Le tapis jaune et blanc a été réalisé sur mesure par Studio Lid. Près du lit, les murs habillés de papier peint dévoilent des palmiers dessinés qui convient au rêve.

Le mobilier, né des mains expertes d’artisans marocains, réinterprète les proportions classiques dans un langage contemporain. Les armoires en tataoui dialoguent avec des créations en résine aux lignes épurées.

La bibliothèque écarlate dévoile une architecture fluide et surprenante.

Dans la bibliothèque rouge profond, les étagères ondulent le long des murs comme des vagues. Les fenêtres, réinventées et doublées de miroirs, créent une chorégraphie de reflets. Des totems en bois massif montent la garde, gardiens silencieux de ce sanctuaire littéraire.

La terrasse, belvédère sur la ville ocre, dialogue avec les sommets de l’Atlas

La terrasse s’élève comme un observatoire sur la ville rouge. À travers le prisme vert des pergolas, la médina se pare de teintes changeantes. L’Atlas enneigé et les minarets dessinent l’horizon tandis qu’une table en céramique de Tamgrout invite à la contemplation du couchant.

Sous la pergola verte, la table en céramique de Tamgrout invite à des repas contemplatifs face aux toits de la médina.

Cette oasis préservée réinvente l’art de vivre marocain tout en restant fidèle à son essence. Des détails porteurs de sens parsèment chaque recoin. « Au premier abord, les gens sont surpris« , confie Elena avec malice, « puis ils franchissent le seuil et se laissent envoûter. » Un sortilège qui fait mouche : les visiteurs, captivés par ce cocon où tradition et audace contemporaine s’entremêlent, « peinent souvent à quitter le riad« .

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.