L’élégance brute de la vannerie

Doum, smaar, roseau, raphia, osier… la vannerie passe de l’utile à l’agréable en investissant le champ de la décoration.

Certains éléments du quotidien sont tellement ancrés dans les habitudes qu’on ne les remarque presque plus. C’est le cas de la fibre naturelle végétale. Longtemps réservée à la confection d’objets de conservation et de stockage des aliments – comme le traditionnel tbek en smaar (jonc) pour le pain – ou de nattes (h’sira initialement fabriquée en feuilles de palmier par les descendants des tribus de Zerhoun), elle intervient désormais dans la décoration des maisons. 

Loin de se limiter à un esprit bohème, la vannerie brille par sa légèreté et par les fantaisies auxquelles elle se prête. 

C’est dire si cet artisanat millénaire a encore de belles ressources et sait particulièrement bien s’adapter à l’air du temps. Les applications ont changé mais, à peu de choses près, les techniques sont restées les mêmes depuis l’origine, il y a quelques milliers d’années. 

Parmi les fibres les plus couramment travaillées, on recense le doum. Ce palmier nain (aussi appelé alfa) pousse en bouquets bas dans les zones arides. Avant de pouvoir être utilisé (tissé, tressé ou torsadé), le doum doit sécher au soleil, passant ainsi du vert au jaune doré. Les fibres sèchent l’été pour pouvoir être travaillées l’hiver.

Premier avantage de la fibre naturelle : elle est bio, ce qui satisfait les aspirations écologiques et confère aux intérieurs une naturalité sagement sauvage. Deuxième avantage : elle est malléable et se plie au jeu des formes diverses, comme l’a illustré la mode des têtes d’animaux en doum tressé. 

Corde de palmier pour les sièges, cannage en rotin pour les meubles, indémodables parasols en smaar, plafonds couverts de doum… la fibre naturelle se veut désormais chic et intemporelle.

Artisans et designers débordent d’imagination et, grâce à la malléabilité des matériaux, impriment des formes aussi monumentales qu’aériennes. Car c’est bien ce qui séduit : qu’elle soit imposante ou pas, la création en fibre naturelle fait toujours vœu de légèreté. En dehors des espaces balnéaires, nombre d’hôtels, de restaurants et autres lieux festifs mettent la vannerie à l’honneur. Parce qu’elle transmet ses valeurs d’élégance brute et authentique, autant qu’elle permet de valoriser le patrimoine naturel marocain.

 

Auteure: Carole Belahrach
Photos : Cécile Tréal

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.