Inspiré d’une architecture indo-mauresque, le Palais Hassoun prédispose au voyage intérieur, bercé par les ombres d’une dense végétation de palmes et de ramures d’oliviers.
Photos Alan KEOHANE
On y séjourne sous le signe de la bienveillance: celle de son hôte Alain Zurcher, voyageur au long cours passionné d’ethnographie et d’arts premiers collectés une vie durant. Au seuil de la demeure, deux sculptures « porteuses d’offrandes » énoncent le charme atypique du palais d’hôtes : luxe, confort bourgeois, ode à la nature et à la culture de peuplades millénaires.
Sous les ogives des galeries latérales de plain-pied sur les jardins, une rare collection d’arts premiers rend hommage à la sophistication des cultures africaines.
Dans tous les espaces communs ouverts sur le parc, bercés de lumières tamisées par d’innombrables rideaux de palmes et ramures d’oliviers, l’hôte aura à loisir de contempler le génie des hommes, depuis des temps immémoriaux, à sculpter leur imaginaire et révérer leur spiritualité. Une collection inédite d’ouvrages précieux reliés de cuir, datant du XIXe siècle – le temps des grandes découvertes ethnographiques – est mise à la disposition de qui se laisserait ensorceler par la sophistication des civilisations anciennes.
le trône du roi Tikar Makop (Cameroun).
L’architecture indo-mauresque du Palais agence de multiples circulations grâce notamment à de nombreuses galeries dédiées à l’art ethnique baoulé, dogon, bambara, senoufo, boulou, fang, yoruba, sao, mossi, bwa que ne possèdent pas toujours les musées parisiens. Les proportions généreuses des ouvertures sur le parc, des hauteurs sous plafond, des volumes des salons et des neuf chambres et suites concourent à une magie des énergies, garante de se sentir comme chez soi – en mieux – à fouiller du regard d’autres œuvres réalisées sous d’autres cieux : miniatures ouzbèques, estampes japonaises, paysages chinois…
Au premier étage, deux suites romantiques conçues comme des lofts offrent un mode de vie princier tout en transparence sur la végétation du parc.
Sur le toit aménagé de multiples terrasses et d’un sunset bar, deux suites conçues comme des lofts et une suite royale très orientale, toutes indépendantes, dégagent de splendides vues sur le parc, avec l’Atlas en toile en fond. Les décors privilégient les ouvrages d’ébénisterie en provenance d’Inde, d’Asie ou du Moyen-Orient, assortis de tentures, velours frappés, tapis persans, soies brodées assurant un luxe douillet aux intérieurs. Salles de bains en marbre ouvertes sur le jardin, dressings, terrasses privatives, salles à manger d’intérieur et d’extérieur, piscine, transats, promenades sillonnant le parc de deux hectares…
Les espaces communs regorgent de livres anciens Art et Voyage qui sous la présence tutélaire d’une danseuse du XIVe siècle en provenance du palais du Maharadjah de Bundi invitent à se documenter sur des sociétés millénaires.
rien n’y manque du standing d’une demeure bourgeoise, épicée d’un supplément d’âme bercé par le bruissement des palmes. Alain Zurcher et son associée Éliane Pierrehumbert ont ainsi pu créer non pas seulement le faste d’une demeure singulière abritant une collection d’arts premiers digne d’être exposée dans les musées… Ils ont su créer une émotion : de nostalgie des first contact, de soif de connaissance des destinations lointaines et des cultures ancestrales, de quête esthétique et philosophique à mettre en partage avec leurs hôtes, dans un lieu hors du temps.