Née en 1924 à Tnine Gharbia dans la province de Safi, Fatna Gbouri incarne le miracle de la vocation tardive. C’est à 58 ans qu’elle commence à peindre, rejoignant ainsi le cercle restreint des pionnières de l’art marocain aux côtés de Chaibia Talal. Son parcours singulier s’inscrit dans le courant de l’art Post-brut, où la spontanéité du trait se mêle à une sensibilité innée pour la composition.
Sur ses toiles éclatent des couleurs primaires audacieuses qui capturent l’essence de la vie rurale marocaine. Mariages, naissances, célébrations : chaque scène témoigne d’un regard contemplatif unique sur les traditions. « Les couleurs chantent sur la toile« , souligne Olivier Rachet dans le catalogue de l’exposition, « et la prédilection pour les tonalités primaires posées en aplat compose une partition graphique dont on perçoit aussi les échos.«
Cette collection particulière, présentée pour la première fois au public après son passage au Musée des Confluences-Dar El Bacha de Marrakech, révèle une artiste précurseuse. Comme le souligne Selma Naguib, curatrice de l’exposition : « L’œuvre de Fatna Gbouri, de l’ordre de l’intemporel, transcende les générations. C’est une femme artiste qui a réussi à marquer son temps par son intelligence, et son esprit à la fois authentique et avant-gardiste.«
À travers cette exposition intitulée « Entre tradition et modernité« , la Fondation AL MADA et Art First Galerie offrent une plongée fascinante dans l’univers d’une artiste qui a su capturer l’âme du Maroc avec une sincérité désarmante et une modernité étonnante.