Photos OMAR TAJMOUATI
Dans le salon marocain, un oiseau semble prêt à prendre son envol. Figé dans une fresque monumentale peinte à la main, il s’épanouit au cœur d’un jardin floral qui s’étend sur tout un mur. Cette œuvre, inspirée du tapis persan de la propriétaire, a requis trois mois de travail minutieux d’un artisan peintre, puis six semaines supplémentaires pour les finitions. Quand on s’approche, les détails révèlent la précision du geste et la patience de la création artisanale.
Le salon marocain dévoile son mur sculpté en relief, œuvre de menuisiers traditionnels de Casablanca, sublimé par un chandelier et des appliques Iris Cristal.
Cette attention se retrouve dans l’ensemble de cette demeure entourée de 1 800 m² de jardins. L’architecture contemporaine épurée accueille un mobilier conçu avec des artisans marocains, dans une démarche dépassant la simple décoration.
L’art de vivre contemporain se révèle dans ces espaces aux identités chromatiques marquées. Les fauteuils Nuage 2 de Roche Bobois ponctuent l’ensemble tandis que les suspensions Archipelago de Contardi illuminent le baby-foot
RS Barcelona.
L’architecte Chaimae Gmira, diplômée de l’ENA puis formée à Paris et en Italie, a fait de la couleur son langage privilégié. « J’essaie de susciter cette curiosité à travers la couleur », confie-t-elle. « Il faut créer des événements et des émotions. » Chaque pièce de cette villa de 350 m² par niveau affirme sa personnalité : salon jaune solaire, bordeaux profond du salon marocain, vert émeraude du coin lecture.
La console Alpaga d’Ibride dialogue avec les canapés modulaires À-propos de Roche Bobois. Les tables en verre martelé sont réalisées par un maître verrier de Casablanca. L’espace s’enrichit d’objets Baccarat, Fornasetti et Lladro.
La bibliothèque présente un fond spectaculaire qui marie verre fusionné, feuille d’or et miroir teinté noir, dans une technique maîtrisée par la Maison du verre à Rabat, forte de cinquante ans d’expérience. Tout panneau est unique, porteur de cette part d’aléa qui fait la beauté de l’artisanat. Les tables aux plateaux en verre martelé sortent du même atelier, tandis que les transats en osier revisité proviennent d’un atelier casablancais.
La suite parentale de 100 m² privilégie la sobriété avec ses tons poudrés et son aménagement sur mesure.
« Je suis une grande fan de l’artisanat marocain », explique l’architecte. « Je trouve que c’est incroyable ce que nos artisans peuvent faire au Maroc. » Sa démarche s’inscrit dans le commerce équitable : transformer un luminaire artisanal en produit design et surtout aider l’artisan à valoriser son travail au juste prix.
Yasmine, la propriétaire, avait initialement demandé « de l’originalité, mais très peu de couleurs ». Les essais en 3D ont fini par la convaincre de cette palette audacieuse. L’orientation sud-est baigne les quatre chambres et quatre salons d’une lumière dorée, tandis que la suite parentale de 100 m² bénéficie d’un dressing de 36 m².
Les salles de bain marient le marbre Sahara Marbre aux boiseries chaleureuses dans un jeu de contrastes maîtrisé.
Le succès de cette collaboration se mesure déjà : Yasmine vient de confier à Chaimae Gmira la conception d’une seconde résidence.