Séisme d’Al Haouz: cap sur la reconstruction (épisode 2)

Il faut vite et bien reconstruire. Respecter les techniques anciennes en les améliorant et en les adaptant notamment aux normes antisismiques, mais pas seulement...

Nous nous sommes rapprochés de l’architecte et enseignant Karim Rouissi pour connaître son point de vue.

M. D. M. : Architecture d’inspiration traditionnelle ou plus moderne, quelles leçons pouvons-nous tirer de ce séisme ?

Karim Rouissi : Il est encore trop tôt pour donner des conclusions toutes faites. En revanche, nous avons de nombreux constats et hypothèses qui sont autant de pistes de réflexion pour l’avenir. D’abord, nous constatons que les constructions anciennes en terre et pierres ont su résister là où des constructions nouvelles en béton ou en matériaux locaux ont subi de graves dégâts, je pose donc la question de savoir s’il y a eu une perte des savoir-faire et de la culture constructive chez les habitants. On remarque également l’introduction excessive du béton dans les vallées encouragées par les équipements publics qui sont tous réalisés en béton armé.

M. D. M. : De quelles manières les architectes de demain peuvent respecter l’architecture vernaculaire, y apporter de l’innovation sans dénaturer ses fondements ?

K. R. : S’il est avéré aujourd’hui que la construction en matériaux bio-sourcés est un impératif écologique, nous constatons que le mode de production social de l’habitat traditionnel basé sur l’entraide et l’auto-construction n’est plus possible au vu du changement de la composition sociale des douars et centres ruraux ainsi que le changement économique. Il est donc nécessaire aujourd’hui de réfléchir à une modernisation des techniques de construction. Celle-ci nécessite une industrialisation et la création de véritables filières de constructions en matériaux locaux. Dans ce process, l’habitat vernaculaire, les techniques constructives locales et le mode d’agglomération des douars doit servir de modèle, non pas à reproduire en pastiche par mimétisme du passé mais plutôt comme base qu’il faut transcender dans une architecture contemporaine inscrite dans son temps et ancrée dans les territoires qui serait respectueuse de son environnement naturel, social, économique et culturel.

Lire aussi : Séisme d’Al Haouz: cap sur la reconstruction (épisode 1)

 

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.