Séisme d’Al Haouz: cap sur la reconstruction (épisode 1)

Le puissant séisme qui a particulièrement ébranlé les provinces d'Al Haouz et Taroudant le 8 septembre dernier a considérablement meurtri le patrimoine architectural historique, culturel et social. Désormais, les réflexions s'accentuent autour de modèles de reconstruction.

Salima Naji, architecte et anthropologue, installée dans le sud marocain depuis 2008 défend ardemment une architecture inscrite, ancrée et respectueuse de son environnement. Elle, qui depuis plus de vingt ans, multiplie les chantiers participatifs dans le but de préserver les architectures collectives sahariennes, nous livre son point de vue.

 

À flanc de montagnes, les villages de l’Atlas représentent un patrimoine rural d’une richesse inestimable.

Maisons Du Maroc : À partir de bâtiments ruinés vous avez reconstruit avec les populations des villages entiers, comment selon vous peut-on redonner vie aux montagnes afin d’éviter l’exode et veiller au développement de ces régions éloignées des centres économiques ?

Salima Naji : Il faut sans tarder reconstruire ce qui peut l’être car l’hiver est là. La cueillette du safran va commencer dans les premiers jours d’octobre sur le flanc méridional. C’est le plus grand revenu annuel pour ces populations. Il faut lancer des « aourach » avec les autorités, sur les sites, et recruter prioritairement les villageois afin qu’ils aient des revenus. Sinon, les gens prendront la subvention et déménageront en se rapprochant des grands bourgs. Les campagnes seront dépeuplées…

Or notre Maroc, notre patrimoine immatériel, nos sociétés millénaires ce sont eux ! Les garants de notre culture amazighe, ce sont les personnes, les familles, les générations. Il faut en prendre soin, les écouter et les préparer. N’oublions surtout pas que l’argent est un moyen, non une fin. Il faut se méfier des solutions toutes faites, des déplacements de conteneurs ou autres solutions hors sol extérieures : il faut s’appuyer sur le local.

La Mosquée de Tinmel. Joyau architectural maghrebo-andalou, construit au XIIe siècle en hommage à Mehdi Ibn Toumert. Elle a en quasi-totalité été détruite par le séisme du 8 septembre 2023.

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.