Ifitry, le laboratoire des artistes

Nichée entre l’océan Atlantique, à mi-chemin de Safi et d’Essaouira, la Résidence d’artistes Ifitry est un laboratoire créatif exceptionnel.

Dès les premières lueurs du jour, les chambres des artistes se teintent d’une lumière dorée. Le murmure régulier des vagues, la vue panoramique sur les dunes de sable et les falaises imposantes servent de toile de fond en ce début de journée paisible. Cette oasis artistique à l’architecture inspirée des médinas marocaines s’étale sur trois hectares. Son Fondateur et Président, Mostapha Romli, a longtemps cherché un tel site, isolé, calme et dépourvu de réseau, pour favoriser la concentration des résidents sur leur art.

À Ifitry, chacun son rythme, les lève-tard savourent leur petit-déjeuner en observant le ballet des lève-tôt déjà à l’affut dans leurs ateliers. Puis l’ambiance matinale devient studieuse quand tous les artistes rejoignent leurs laboratoires. Des mains habiles plongent dans l’argile pour donner vie à une masse informe.

Les résidents sont logés dans douze pavillons face à l’océan et entourés de verdure, à l’architecture épurée où les éléments minéraux sont omniprésents. Les murs immaculés sont parés des œuvres d’artistes marocains et étrangers.

Les doigts pressent et guident la terre humide dans une gestuelle remplie de contrôle et de fluidité. À quelques pas de là, un pinceau danse sur une toile où les couleurs se mélangent et se superposent parfois en traits décidés, parfois en mouvements ondulants, selon l’inspiration du peintre. Ce moment suspendu est interrompu par le bourdonnement des séchoirs et du claquement des cadres de sérigraphie émanant du pavillon voisin.

L’air se parfume petit à petit des effluves d’encres et de solvants, de papier et de textile qui contrastent avec les senteurs terreuses et boisées des sculpteurs. Une symphonie à laquelle se joint le lithographe avec le grincement des presses, le chuintement des rouleaux sur la pierre et le cliquetis des outils métalliques.

Peinture, textile, gravure ou encore photographie, hormis la musique et la danse, la plupart des spécialités sont acceptées. Les artistes sont invités ou sélectionnés sur dossier.

Chaque porte franchie révèle un univers de possibilités car la particularité de ce lieu est de permettre à des talents confirmés, d’explorer de nouvelles techniques ou matières loin de leurs zones de confort. L’effervescence créative s’arrête à 14h afin de respecter les deux seules règles d’Ifitry, déjeuner et dîner tous ensemble. 

Des artistes connus mondialement ont séjourné à la Résidence comme le céramiste algérien Rachid Koraichi, les peintres palestinien Ayman Yousri et syrien Khaled Al-Saaï ou la dessinatrice espagnole Marina Vargas.

L’hébergement, les repas ou encore le matériel, sont pris en charge et il n’y a aucune contrainte commerciale ou de production. D’ailleurs le résident peut faire don de son œuvre au Centre d‘Art Contemporain d’Essaouira attenant, elle ne sera pas à la vente. Loin de toute pression, ils profitent de cette pause conviviale pour discuter des progrès et défis rencontrés. Au fil des jours, des liens se nouent et cette Résidence devient une famille artistique.

Dans l’après-midi, chacun s’adonne à ses occupations. Les plus inspirés retournent immédiatement à leurs créations, tandis que certains s’endorment bercés par le ressac de l’océan et d’autres profitent du cadre exceptionnel pour s’aérer l’esprit lors d’une promenade. Alors que le soleil commence sa descente vers l’horizon, les artistes clôturent la journée en savourant les poissons frais qui accompagnent leurs discussions tardives.

Depuis sa création, la Résidence a reçu plus de 618 artistes venant de 75 pays différents pour des séjours allant de deux semaines à plusieurs mois

Dans ces laboratoires, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas, ponctués par le rythme de la création, les instants de doutes et les échanges enrichissants. Ifitry offre aux résidents, un écrin serein et stimulant, propice à l’expérimentation et à la découverte de leur art.

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.