Photos Cécile Tréal
La brique rouge d’origine des façades, vieillissante et abîmée, a été reprise et peinte en noir.
Un changement qui a transformé la physionomie de la maison, lui donnant un esprit plus contemporain et industriel.
C’est une villa étonnante et remarquable dont Mounia Chaouni, admirative du travail d’Elie Azagury, a fait avec bonheur sa propre demeure en 1997. Un choix guidé par le fait que « La maison avait beaucoup de caractère et une vraie âme. J’aimais aussi l’idée d’habiter un univers pensé par un autre architecte, découvrir des choix différents des miens, être intriguée par une spatialité nouvelle. »
En hauteur, toile de l’artiste Ahmed Jaride. Léger, ouvert et graphique, le chandelier Wireflow de Vibia. Chaises B&B Italia.
Au premier abord, l’extérieur de l’habitation entouré d’une végétation provençale luxuriante présente une sobriété visuelle linéaire.
Dans l’entrée, une sculpture de Monia Abdelali.
La bibliothèque abrite une collection de vases de Murano. Tapis de CC Tapis.
À l’intérieur, la surprise est saisissante en découvrant l’espace central monumental d’une hauteur sous plafond de 6 mètres 25, totalement ouvert et flanqué de deux ailes latérales. à son arrivée, Mounia entreprend des changements essentiels qui rendent la maison plus fonctionnelle. Pour commencer, la rénovation des salles de bains, de la plomberie, de l’électricité, l’agrandissement de la piscine.
Autour de l’immense cheminée. Au premier plan, paire de fauteuils Giancarlo Piretti. Derrière, la coffee table Walnut de Isamu Noguchi. Tapis, CC tapis.
Puis il y a 3 ans, elle poursuit avec la rénovation des revêtements, des menuiseries et la création d’une cuisine fermée, l’initiale ouverte, étant trop petite. La structure est décapée pour revenir au béton brut initial. Le sol rouge en marbre de Vérone est remplacé par un marbre local vieilli, plus discret en accord avec ses goûts. L’architecte choisit de cloisonner une des ailes pour créer un séjour vitré sans rupture visuelle avec la réception, mais plus intime.
L’espace du bar joue sur la couleur et la géométrie des formes. En hauteur, une toile de Tibari Kantour. En dessous, une ligne de sculptures de Batoul S’Himi et trois tableaux de Mustafa Boujemaoui. Tabourets de bar, Ligne Roset. Fauteuil vert, Fritz Hansen. Tapis Baxter. Tables rondes d’appoint, en verre coloré, création Mounia Chaouni.
L’écho d’origine, a été absorbé par l’installation du mobilier et sa collection d’œuvres d’art. Un art fourmillant et omniprésent, faisant vivre chaleureusement les volumes démesurés et participant à l’identité de la demeure. Les sculptures avant-gardistes et les tableaux de maîtres révèlent l’espace. Spectaculaire, la bibliothèque en double hauteur, héritée de l’ancien propriétaire des lieux, structure la réception et donne le ton. Une accumulation de « tarejets » réalisés par des artistes marocains y a trouvé sa place. Le grand volume central a conservé sa vocation première dédiée aux rassemblements lors de fêtes, de brunchs, de weekends en famille ou entre amis. Il est l’espace préféré de Mounia, « Impressionnant mais jamais oppressant qui change de visage selon les moments».
Depuis la chambre située en mezzanine, l’une des nombreuses baies vitrées offre une vue plongeante sur la réception.
Aujourd’hui elle s’est complètement appropriée les lieux, guidée par l’intention initiale d’Elie Azagury. C’est « une maison qui respire », dans laquelle elle ressent « Un mélange de sobriété et de force architecturale où le brut et le contemporain dialoguent dans une mise en scène artistique très personnelle ». Intemporelle, l’habitation a évolué avec ses différents occupants mais reste plus que jamais un témoignage vivant d’une époque architecturale révolue, celle des débuts de l’architecture et du design moderne marocains.