Sur la terrasse qui donne sur la Méditerranée, les chaises Luxembourg (Fermob) et les tabourets hauts Tolix apportent une touche vitaminée de jaune, en écho à l’ocre qui orne certains bâtiments arabo-andalous de Tanger. L’ombre de la pergola crée un jeu de lumière qui répond aux lignes tout en verticalité des divers éléments qui composent la cuisine d’été. Ci-dessus : L’îlot central, en terrazzo, rappelle la prédilection du propriétaire pour les formes et les matières de la période des années 1950, qui correspond à l’époque de construction de la maison. Les bougeoirs en céramique de Tamegrout parachèvent l’identité marocaine du lieu.
Willem Smit se serait-il assagi ? Connu pour laisser éclater les couleurs comme en atteste la décoration du Riad El Fenn dont il était directeur général associé jusqu’en 2022, le designer d’intérieur néerlandais a choisi, pour sa maison personnelle, de restreindre sa palette. Aux côtés d’un apaisant vert sauge réitéré dans chaque pièce, seul le jaune s’autorise quelques saillies pour apporter sa dose de vitamines à l’atmosphère. La vraie vedette, c’est le bleu, celui de la mer Méditerranée que l’on aperçoit depuis les fenêtres et baies vitrées de cette maison qui a nécessité un an de travaux de rénovation. Willem Smit explique qu’il voulait donner une touche classique à cette bâtisse des années 1950 perchée dans le quartier Marshan de Tanger. C’est donc avec fidélité que la Villa Augustine (en clin d’œil au philosophe Saint-Augustin) reproduit le vocabulaire esthétique de la période qui l’a vu naître. À travers le choix des matériaux, comme cette montée d’escalier en terrazzo, ou le mobilier.
Choisi pour son effet zen, un apaisant vert sauge assure la continuité entre les chambres et le séjour.
Ici, une chaise DSR de Charles et Ray Eames fait office de tabouret de piano. Là, les iconiques chaises Wishbone CH24 d’Hans Wegner font la ronde autour d’une table tulipe (Eero Saarinen, Knoll), véritable best-seller du design des années 1950.
D’inspiration occidentale, donc, cette maison est plus marocaine qu’elle n’en a l’air. En attestent ce mur de zellige qui habille le coin cuisine, ou les motifs en chevrons du carrelage de la chambre évoquant les traditionnels sols en bejmat.
L’absence de cloison entre la chambre et la salle de bains renforce la fluidité de la circulation et le caractère épuré de l’agencement.
Les lignes sont droites et omniprésentes : dans les losanges du kilim Beni Ouarain de la salle à manger, dans les motifs des coussins de la terrasse, dans le tissage des couvre-lits, dans l’alignement des briques de verre de la cage d’escalier, jusqu’à la terrasse où l’ombre de la pergola vient se mêler à ce savant jeu graphique. Partout les lignes verticales s’élèvent, suivies dans cet élan par la silhouette des bougeoirs, tabourets de bar et autres cactus qui semblent procéder d’un même mouvement d’élévation. Un lieu qui parle à l’âme.
Les quatre chambres rejouent la même partition que le reste de la maison : murs verts, touche de jaune ocre, lignes noires et matières vintage comme le cannage du mobilier. Ci-contre : photographie de Leila Alaoui (série The Moroccans). Dans cet espace épuré qui fait la part belle à l’ouverture et à la lumière, les œuvres d’art de la collection de Willem Smit ont naturellement trouvé leur place.
Le séjour réinterprète de façon contemporaine le design des années 1950. Une série de chaises Wishbone CH24 d’Hans Wegner entoure l’emblématique table tulipe d’Eero Saarinen (Knoll), dialoguant à merveille avec les motifs graphiques du tapis Beni Ouarain. Habitué à parsemer de couleurs vives les intérieurs dans lesquels il intervient, le designer Willem Smit a souhaité limiter la palette de sa maison personnelle. Du vert pour le zen, et un joyeux jaune ocre pour dynamiser l’atmosphère. Souvenirs de voyages et meubles chinés peuplent cet espace à la fois chaleureux et épuré.