La tbourida (ou fantasia), art équestre apparu au XVIe siècle au Maroc, est inscrite depuis 2021 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. Lors de cette parade, chaque sorba (troupe) dirigée par un mqaddem (chef) et composée de 15 à 25 cavaliers (toujours un nombre impair) issus de la même tribu ou de la même région fait montre de son agilité. Elle s’y distingue également par la parure somptueuse des chevaux.
La tbourida (ou fantasia), art équestre apparu au XVIe siècle au Maroc, est inscrite depuis 2021 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco.
@Cécile Tréal
Composée d’une dizaine d’éléments, cette dernière est à elle seule un art que les maîtres selliers pratiquent avec passion et abnégation, souvent de père en fils comme Amine Chraïbi.
La dynastie de maîtres selliers Chraïbi fut fondée en 1868 par Driss Chraïbi, à Fès. Dans son atelier de Ben Jdia, à Casablanca, son arrière-arrière-petit-fils Amine perpétue la tradition familiale, dans les règles de l’art. Cet artiste peintre qui a fait sien le savoir-faire de ses ancêtres opère comme un véritable chef d’orchestre. Car la parure, notamment la selle, sa pièce maîtresse, nécessite l’intervention de plusieurs artisans.
@Cécile Tréal
Dans la tradition, chaque cavalier possédait sa propre parure. Depuis environ 15 ans, l’ensemble de la sorba arbore la même. Pendant que le menuisier fabrique l’arçon, Amine entame la conception de la parure de la selle. « C’est un travail artistique, je choisis les motifs et les couleurs selon mon inspiration et la robe du cheval. Au fil des années, les coloris et les motifs ont changé. On a maintenant du violet, du fuchsia, du saumon » précise le maître sellier. Il imagine et dessine les motifs de la broderie qu’il plaque sur des feuilles colorées au safran.
Avant la parade, les cavaliers effectuent leurs ablutions et prient autour de leur chef (mqaddem), puis ils placent un Coran dans le sac qu’ils portent en bandoulière.
@Cécile Tréal
Il fait découper les motifs et les colle sur un support qu’il transmet aux brodeuses. Pour cette étape comme pour les suivantes, tout est réalisé à la main. Exécuté au fil de soie, le travail est généralement confié à une même brodeuse afin de préserver la cohérence des points. Ensuite, Amine colle les pièces de broderie, coud les accessoires pour terminer par le placement de la passementerie. La selle et les éléments de la parure constituent une véritable œuvre d’art traditionnelle qui nécessite de 4 à 7 mois de travail.
@Cécile Tréal
Le savoir-faire de la maison Chraïbi étant très recherché, Amine confectionne chaque année environ 15 selles et parures. « Chaque mqaddem veut une selle Chraïbi ! » confie, amusé, le maître sellier. Et de conclure que la rareté de ce travail d’exception a un prix : « il faut compter de 25 000 à 90 000 dh pour une parure ».
Texte écrit par Carole Belahrach