Un héritage millénaire préservé

Classé monument historique et inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, le Chellah, nouvellement restauré offre une immersion unique entre passé et présent.

Photos DR

Perché sur les hauteurs qui dominent le Bouregreg à Rabat, le Chellah s’impose comme un témoin silencieux du passage des siècles. Entouré de murailles dorées par le soleil, cet ancien site nécropole et cité antique, invite ses visiteurs à un fascinant voyage à travers le temps où les murmures du passé résonnent encore parmi les pierres. Fondée au Ier siècle avant notre ère, la cité romaine de « Sala Colonia » avait autrefois une vie vibrante. Ses temples, ses thermes, ses forums étaient les témoins d’une civilisation prospère, où les discussions philosophiques se mêlaient au doux murmure du fleuve. Même si le temps a figé ce paysage, il est facile d’imaginer l’effervescence qui animait autrefois ces lieux. Le tumulte des artisans résonnait depuis les ateliers, les huileries exhalaient des senteurs d’olives fraîchement pressées. Dégagés par les campagnes de fouilles  entre  1958 et 1960, ces vestiges racontent une histoire de travail, de savoir-faire, et d’ingéniosité. 

Le bassin aux anguilles est entouré de légendes. Pour que les vœux de la personne soient exhaucés, elle devait leur donner à manger, visiter les marabouts et enfin se baigner avec les eaux de la source de Chellah.

Le véritable changement du Chellah survient toutefois au 14ème siècle, sous les Mérinides. La cité romaine s’efface alors pour céder sa place à la nécropole royale. En 1339, le sultan Abu L’Hassan fait ériger la majestueuse muraille, flanquée de vingt-trois tours. Tel un écrin de pierre, elle protège et magnifie ce patrimoine national. La grande porte, chef-d’œuvre architectural, éblouit par ses arcs entrelacés, ses coquilles finement sculptées et ses pommes de pin qui semblent raconter des légendes ancestrales. Esthétisme, raffinement et fonctionnalité, chaque détail est une ode à l’architecture de cette dynastie. Le Chellah symbolise ainsi bien plus qu’un simple site historique. Il se transforme en havre de recueillement où les âmes des sultans reposent sous le ciel infini, bercées par les siècles d’histoire.

Les fouilles de Jean Boube ont permis de découvrir la base d’un arc de triomphe à trois baies, le Capitole, qui était un bâtiment dédié aux activités administratives et religieuses.

Aujourd’hui, le Chellah connaît un renouveau grâce à l’ambitieux projet de restauration mené dans le cadre du programme Rabat Ville Lumière, Capitale Moderne de la Culture, initié par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en 2014.  Ce joyau du patrimoine bénéficie désormais d’un écosystème de gestion moderne et innovant, mis en place par la Société de Développement Régional Rabat Région Patrimoine Historique. 

 La salle de prière de la mosquée d’Abou Youssef  Yaâqoub est composée de quatorze piliers en briques cuites coiffés de grands arcs brisés. 

Les conditions d’accueil des visiteurs ont été améliorées et un parcours touristique repensé, afin de découvrir le site et ses jardins autrement. Les mystères de cette cité antique, loin d’être épuisés, continuent de dévoiler leurs secrets.

Le plus important des monuments de la Khalwa est la medersa qu’annonce un minaret rehaussé de zellige polychrome.

En 2023, les fouilles archéologiques menées par l’INSAP ont mis à jour plusieurs vestiges, dont le « premier » quartier portuaire antique du Maroc. Mais le Chellah est bien plus qu’un monument figé dans le temps, il vibre encore de mille vies. Les cigognes, éternelles gardiennes, ont fait de ses tours leur royaume. Quant aux figuiers et aux lauriers-roses, sauvages et éclatants, ils envahissent les vieux murs de leur étreinte parfumée. Et, chaque année, la musique réveille encore ces pierres millénaires lors d’événements culturels comme celui de Mawazine. 

Au sud-est du complexe funéraire, se dresse le hammam mérinide, l’un des rares exemples de bains du 14ème siècle au Maroc.

Le Chellah devient alors une scène vivante où le passé dialogue avec le présent, où la culture contemporaine trouve refuge parmi les âmes anciennes, offrant une expérience aussi intemporelle qu’inoubliable. 

La récente création de la société «Chellah en Scène» a insufflé une nouvelle dynamique culturelle et touristique au lieu.

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.