Une tradition à carreaux

Débarqué au Maroc au temps du Protectorat, le carreau de ciment s'y est parfaitement naturalisé. D'habiles artisans y ont préservé sa technique en lui affirmant progressivement une identité plurielle.

Vous avez certainement déjà foulé le sol en carreaux de ciment d’une ancienne maison, d’un vieux hall d’immeuble ou d’un bâtiment administratif à Casablanca. L’ancien centre-ville en offre encore de beaux spécimens. Une preuve de l’engouement, et de la résistance de ce carrelage coloré, né en Ardèche en plein XIXème siècle et transmis au savoir-faire d’artisans marocains. 

Son procédé de fabrication opère avec un diviseur en laiton ou en bronze posé sur un moule, de façon à organiser les couleurs d’un motif, en aplats uniformes. Saupoudré ensuite d’une couche de ciment gris et de sable, il lui faut plusieurs semaines de séchage, temps nécessaire aux couleurs pour se fixer. Les motifs végétaux de style victorien, néo-gothique et art nouveau font les premières tendances outre-Atlantique des décors prisés d’intérieurs marocains.

 L’histoire raconte que, très probablement, et très tôt, des artisans entreprenants créent leur propre atelier, forçant une impulsion telle qu’entre 1950 et 1990, sa production au Maroc n’a pas cessé d’évoluer. Son coût accessible lui ouvre les portes de toutes les catégories sociales, éclipsant au passage un zellige local dont on va néanmoins grandement s’inspirer, pour le convertir à la mosaïque. C’est l’ère du carreau de ciment marocain. Motifs traditionnels et palette intense innovent avec ce nouveau genre décoratif qui fait son style et son temps… 

Avec les années 2000, son retour en force dans la sphère déco dynamise de belles collaborations entre designers confirmés venus de par le monde et artisans qualifiés. C’est l’ère du carreau de ciment design. Désormais émancipé de son cadre classique, il est rectangulaire, octogonal, hexagonal, et avec la grande liberté que prennent ses motifs et sa pose, ce revêtement qui n’a jamais été aussi moderne, continue de faire rayonner le savoir-faire marocain.

Toutes les photos ont été sélectionnées chez Popham Design.

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.