Jardin d’âmes

De sa révélation au Maroc à ses jardins à travers le monde, Madison Cox compose des paysages où observation, histoire et nature s’entrelacent avec finesse.
   

Photos Adnane Zemmama,
Ngoc Minh Ngoe

« Vers la fin des années 70, je suis venu pour la première fois rendre visite à Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. Le Maroc m’est apparu comme une révélation. » Président de la fondation Pierre Bergé-YSL et paysagiste de renom, Madison Cox a plusieurs facettes. Sa passion pour les jardins est celle qui le définit le mieux. 

Natif de San Francisco, il a été initié au monde créatif par sa marraine, artiste. « Mes parents étaient abonnés à la revue littéraire Réalités », se souvient-il. Dès 12 ans, les cours de photographie et de dessin affûtent son regard sur la composition des paysages.

 

Le jardin de villa Oasis, havre bio-climatique, abrite une quarantaine d’espèces d’oiseaux.

À la Parsons School, Madison se passionne pour le paysagisme. Un échange l’emmène à Paris. Fasciné par l’histoire, il explore les jardins de la Renaissance italienne, de Giverny, d’Albert Kahn et de Versailles. « Cette période a été essentielle dans ma vie », confie-t-il. À 29 ans, il connaît le succès lorsqu’il conçoit un jardin suspendu sur trois niveaux pour Jennifer Bartlett.

Plantes succulentes et gravier rose ont été intégrés par Madison pour limiter la consommation de l’eau.

« C’est une ville pleine d’opportunités pour les jeunes ambitieux », explique-t-il. Son goût du voyage, hérité de son père, capitaine de navire, et l’appel de projets, le conduisent au Moyen-Orient et en Europe.
En 1997, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé lui confient l’aménagement paysager de la Villa Oasis pour pallier l’urbanisation grandissante de Marrakech. Parmi ses solutions, Madison intègre des fontaines pour atténuer le bruit des voitures. Il suggère aussi de remplacer le gazon vert par du gravier rose, une idée accueillie par
« un silence glacial des deux hommes », se souvient-il. Finalement, ils acceptent l’expérience au jardin Majorelle, avant de l’étendre à la villa Oasis, quelques années plus tard.

 

Pour la restauration du Bois des Moutiers, jardin anglais du XXe, Madison s’est inspiré des plans d’origine. Il a notamment rénové le labyrinthe et la roseraie.

Ses influences sont multiples, mais chacune de ses créations est unique.
Loin d’imposer la répétition infinie d’un style, il privilégie une approche sur mesure directement inspirée par l’âme du lieu. Celle-ci repose sur une observation de l’espace et une analyse de son environnement. De cette réflexion naît une conception paysagère discrète et raffinée. Pour l’enrichir, il n’hésite pas à arpenter les pépinières locales à la recherche d’espèces végétales les mieux adaptées.

 

Dans son atelier, MC Pots, il conçoit des larges pots en terre cuite locale, fusionnant les argiles de Fès et Salé, plus résistant.

« Je continue d’apprendre, car le monde des plantes est tellement vaste », conclut Madison. Et c’est peut-être là, dans cette humilité face à la nature, que réside le vrai secret du paysagiste.

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.