Le design élégant de Selma Lazrak

Dans l'atelier casablancais de son oncle Nabil Lazrak, Selma est très tôt captivée par les esquisses des palais d'Oman.

Par Mia Duret
Photos Selma Lazrak

Assise à une petite table de dessin conçue pour ses six ans, elle trace des lignes et des courbes, saisissant déjà l’essence de la Méditerranée. Un talent qui ne fera que s’affirmer avec les années. Elle choisit ensuite d’intégrer l’École d’architecture de Montpellier, avec l’ambition d’étudier l’architecture du pourtour méditerranéen.

La mer bleu azur, riche de civilisations, guide la jeune diplômée jusqu’à Istanbul, véritable musée à ciel ouvert. Elle y découvre les trésors de l’architecture islamique de l’Empire ottoman à travers la restauration d’œuvres du maître Mimar Sinan. En 2016, Selma devient chef de projet pour la réhabilitation du Palais du Khédive. Accompagnée des meilleurs artisans turcs, elle restaure le mobilier du Palais tout en recréant les pièces disparues.

Un contraste de lumières se réfléchit sur les volumes organiques du meuble Sirwa en bois brut, évoquant les facettes scintillantes des crêtes enneigées de l’Atlas

« Nous devions étudier des films d’époque et des livres écrits uniquement en ottoman. C’était un vrai travail d’archéologie », confie-t-elle.
« Ce dialogue entre l’ancien, le mobilier et l’architecture a été le déclencheur pour devenir créatrice de meubles et travailler avec les artisans », révèle-t-elle.

En 2020, lors de son congé maternité à Munich, loin de sa Méditerranée natale mais proche des sublimes lacs bavarois, Selma fonde son propre studio d’architecture d’intérieur et de design de meubles.

Le travertin est sculpté puis poli par les mains habiles des artisans. La ligne épurée et minimaliste du meuble Amud évoque de manière subtile les arcades des palais islamiques.

Pour elle, ses créations transcendent la simple fonctionnalité. « Mes meubles sont avant tout des totems », précise-t-elle. Ses pièces sculpturales se veulent iconiques, puisant leur inspiration dans une profonde appartenance au sol. Son travail repose sur une technique de fabrication soustractive, où la matière est retirée d’un bloc pour capter l’essence des lignes fluides et organiques propres à la Méditerranée. Un procédé qui rappelle l’approche de Giacometti, qui cherchait, quant à lui, à figer des silhouettes dans le temps. « Voir le meuble prendre vie » est pour elle un moment salvateur. Avec un doux rire, elle avoue que ses premières œuvres sont nées avec son premier enfant. Pour sa prochaine collection, Selma prévoit de rééditer ses meubles en utilisant du marbre grec, sculpté par des artisans turcs pour créer des pièces épurées et minimalistes, une élégante invitation à contempler l’intemporel.

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Un valet en bronze dessiné par Isabelle Stanislas et fabriqué par les Ateliers Bataillard, une ferronnerie d’art centenaire. Le long du mur, une série de photos de voyage de son ami Jérôme Petit.